C’est avec eux
que j’ai compris

Carmaux est une petite ville minière du Tarn située à 16 kilomètres au nord de la Cité Épiscopale d’Albi. La Compagnie Minière de Carmaux créée en 1752 par le Gabriel-Charles de Solages, est l’une des premières en France. Associée à la verrerie de Blaye-les-Mines appartenant également à la famille de Solages, la Compagnie Minière de Carmaux a permis l’essor économique de cette région. L’implication de la figure politique Jean Jaurès dans les grèves de 1892-1895 a contribué à faire connaître nationalement ces houillères. Nationalisée en 1946 suite à la Seconde Guerre Mondiale, l’exploitation charbonnière connait son apogée dans les années 50-60, mais en 1997 le dernier site, anciennement puits “Sainte Marie” et reconverti en exploitation à ciel ouvert “la Grande Découverte”, ferme définitivement. 

Erik Sæter Jørgensen — artiste contemporain et photographe norvégien vivant de manière épisodique dans le département du Tarn depuis deux ans — et Clara Mouilleseaux — anthropologue de formation native de la région — portent ce projet qui, mêlant approche anthropologique et artistique, a pour vocation de rendre voix et visages aux acteurs de cette industrie sur laquelle toute une région avait basé son avenir économique. Les témoignages recueillis, remplis d’émotions et de souvenirs, associés aux portraits de ces mineurs et de « natures mortes » d’objets liés à leur métier qu’ils ont conservés, lorsqu’ils l’ont fait, permettent d’esquisser, en un objet unique, leur relation avec la mine. Les récits des expériences et parcours de vies, les témoignages par leurs différences autant que par leur ressemblances, par leur diversité et leur unicité, dressent alors, en filigrane de ces histoires individuelles, une mémoire de la mine et de son histoire dépeinte par ceux qui l’ont vécu.

Des entretiens ouverts seront réalisés auprès de 20 mineurs, plus si cela est possible, dont le portrait photographique sera également réalisé. L’objectif ici est qualitatif plus que quantitatif, il s’agit bien de redonner une histoire et un visage à ces anciens mineurs. Ce projet n’a pas vocation à généraliser les expériences de vies pour dresser une histoire globale de la région et de ses liens avec la mine, mais bien de mettre en lumière les individus et leurs expériences. De la même manière, les objets photographiés seront sélectionnés pour la place que les mineurs leurs accordent ou leurs ont donnés, ils prennent alors un sens par cette relation sentimentale ou conflictuelle et peuvent être vus comme représentatifs des liens que chacun avait établi avec son métier de mineur et la mine elle-même.